J'étais à Dalaran quand ils sont arrivés... Le vent ramenait vers nous leur odeur putride et forte de cadavres ambulants dans une brise qui glaçait nos corps comme nos âmes... Seul le feu magique qu'entretenaient les archimages empêchait la froide terreur de nous détruire. Mais ils n'étaient pas assez puissants. Quand l'heure du combat est arrivée, le prince déchu Arthas et ses armées de zombies puants furent plus efficaces à détruire la cité entière que tous les sorciers de Dalaran à arrêter ces quelques morts-vivants. Plus il en tombait des nôtres et plus il s'en relevait des leurs pour nous terasser.
Les sorciers de Dalaran n'étaient pas assez puissants. Leurs études portaient sur la magie et non sur la puissance de la magie. Je les ai écoutés, en naïf élève que j'étais, puis j'ai vu la froide mort s'abattre sur eux, poussée par la main invincible du Roi Liche et de son chevalier de la mort.
Je ne peux pas dire que mon peuple haut-elfe ait été meilleur. Nous connaissons tous désormais quelle fut la fin de Quel'Thalas. Ils partageaient les opinions des humains sur la magie, et fiers de leurs études sans fin, ils se croyaient invincibles. Certains savaient que la magie attirerait des démons, mais la plupart croyaient qu'ils pourraient l'éviter grâce à la maîtrise des sciences magiques, en évitant d'attirer l'attention de créatures du néant distordu. Ils avaient tort. Je sais désormais que le seul moyen d'affronter les démons est la puissance. Un maximum de puissance.
Lorsque Dalaran est tombée, j'y étais. J'ai vite compris que nous n'avions aucune chance. J'ai voulu courir, fuir. Les zombies et squelettes étaient nombreux sur ma route, et l'efficacité de mes sorts de novice avaient leur limite. Mais j'ai réussi à échapper aux griffes de nos ennemis et j'ai quitté les murs de Dalaran. Depuis que les derniers donjons de la cité étaient tombés aux mains d'Arthas, l'air se faisait de plus en plus lourd... Un poid qui n'était pas climatique, mais magique, maléfique, d'origine démoniaque. Je pouvais déjà le sentir, avec le peux de magie que je maîtrisais. De toute évidence, la destruction de Dalaran n'avait aucune importance pour ceux qui affrontaient les derniers défenseurs de la cité. Des collines au loin, je pouvais voir des groupes de morts reculer dans la cité, et même la quitter. Le prince déchu préparait quelque chose de plus grand, de plus terrible.
Lorsque la magie démoniaque saturant l'air eut atteint son apogée, il y eut comme un gouffre dans les courants magique, l'attirant de l'autre côté de Dalaran, là d'ou provenait l'armée des morts-vivants. Je commençais à me douter de ce qui se passait, mais les forces déchirantes qui frappèrent le monde en cet instant me choquèrent. Toute la magie qu'ils avaient cumulée ne servirait pas à lancer un sort destructeur, mais à invoquer une créature colossale. Un colosse démoniaque. Je ne l'appris que plus tard, par des rumeurs, mais je sais désormais qu'il s'agissait de l'invocation d'Archimonde, seigneur de la légion ardente et fidèle serviteur de Sargeras le Titan Noir.
Mais alors, je ne fis que continuer à fuir. Je n'étais qu'une mouche à côté des forces qui s'agitaient à Dalaran, c'est sans doute pourquoi j'eu une chance de m'enfuir. Après des jours et des jours de fuite insensées, la traversées des terres dévastées par le Fléau et de villages en ruine, et la rencontre occasionnelle de survivants qui n'avaient pas encore voulu admettre qu'ils ne tarderaient pas à rejoindre la mort, j'arrivai enfin dans des terres que j'avais autrefois connues. Mais Quel'Thalas avait changé, depuis l'invasion du prince déchu. Je savais déjà ce qui s'y était passé, mais le voir, le sentir, l'avoir juste devant moi, cela m'obligeait enfin à l'admettre, comme si je le découvrais une nouvelle fois.
Beaucoup de choses avaient changé. Les forêts étaient plus sombres. En guise de bâtiments, de villages, il n'y avait que des ruines. Tout semblait mort, et il n'y avait plus autant d'animaux qu'autrefois. À leur place, des zombies amorphes qui ne savaient que se défendre des attaques qu'ils subissaient. Tout Lordaeron était détruite. Il n'y avait plus de vie dans ces terres. Mais quelque chose d'autre manquait. Je m'étais rendu compte alors de l'absence d'une sensation que je ne pouvais définir, de quelque chose d'habituel et qui faisait pourtant défaut. Je n'avais pas compris ce que c'était alors, mais en arrivant à Silvermoon, là aussi, je redécouvris ce qui s'était passé. Parmis ces ruines fumantes, si la destruction de tous les bâtiments qui m'étaient autrefois familiers pouvait m'attrister, ce qui me manquait le plus, c'était le puit de soleil, qui, détruit, ne fournissait plus aux elfes leur magie sans bornes. Si les quelques temps que j'avais passé parmis les humains, loin du puits, m'avaient permis de m'adapter un peu à son absence, je n'étais pas épargné par la dépendance frénétique à la magie qui touchait tout mon peuple. Je voulais retrouver la magie, plus de magie, plus de puissance...
Quel'thalas était une terre détruite. Ce n'était plus mon foyer, mais les restes fumants de notre défaite, et un endroit rendu dangereux par la présence constante de monstres du Fléau. Certains à Dalaran avaient parlé de fuir vers Kalimdor. Les légendes parlaient de nos ancêtres Kaldorei et de leur arbre monde, mais pour ma part, je doutais que nous ne puissions trouver une source de magie accessible là-bas. On racontait que les ancêtres des hauts-elfes avaient été bannis pour avoir essayé. Non, un autre voyage m'intéressait, une autre source de magie. Une puissance magique qui, comme les démons, semblait prête à partager pour autant que cela acroisse son pouvoir. J'avais l'intention de me rendre à Northrend pour trouver le trône de glace, et je savais que le Roi Liche et ses agents ne m'arrêteraient pas...
J'avais embarqué avec une expédition vouée à l'échec. Un groupe de nains et d'humains cherchait à affronter les morts-vivants et à venger leurs terres. J'ai feint être de leur côté jusqu'à l'arrivée. Les glaces de Northrend, sans pitiée, détruisirent notre navire dans une tempête. La plus grande partie de l'équipage mourut de froid, et, quelques semaines plus tard, se releva pour tuer les survivants. Moi-même, je ne mourrus pas de froid, car une magie nouvelle me protégeait. Et pourtant, le froid était plus terrible que je ne pouvais même immaginer. Lorsque j'atteignis le trône de glace, cette magie s'adressa à moi, non pas par des mots, mais en me relevant et en me redonnant l'énergie dont j'avais besoin. À genoux dans la neige et la glace, je devins l'un des serviteurs du Roi Liche Ner'zhul. Il l'avait déjà compris depuis longtemps, et c'est pour cela qu'il m'avait protégé depuis mon arrivée à Northrend.
Je suis Brys. Autrefois un haut-elfe assoiffé par la destruction du puits de soleil, je suis désormais l'un des lieutenants du Roi Liche, et j'étanche ma soif de mana en aspirant la vie de mes ennemis, et en les relevant pour en faire des soldats de mon armée.
c'est grave docteur ?
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